Les Tortues de Meru Betiri

Lors de notre magnifique voyage en Indonésie, nous nous sommes rendus dans le parc national de Meru Betiri, au sud est de l'île de Java.

Nous nous sommes rendus plus précisément à Sukamade, proche de "Turtle Beach". Quatre espèces de tortues différentes viennent pondre sur cette plage, mais 80% d'entre elles sont des Tortues Vertes.
C'est la plus grande des tortues marine et c'est une espèce menacée dite en danger.
Elles commencent à pondre à partir de 8-14 ans, 3 à 4 fois pendant une année puis se "reposent" pendant 4 ans et ainsi de suite jusqu'à leur mort (leur durée de vie étant d'environ 100 ans), mais toujours sur la plage où elles sont nées.
C'est l'une des dernières plage où des tortues viennent encore pondre en Indonésie, la dernière de l'île de Java.
Pendant très longtemps (et il y a très longtemps), les locaux les mangeaient. Ce qui a sauvé cette plage c'est son côté inaccessible.
En effet, il nous a fallu 3h de route en 4*4 dont 1h de piste dans une forêt tropicale et la traversée de 3 rivières. Le courrier n'y vient qu'une fois par semaine, et il n'y a aucun réseau téléphonique et encore moins internet.

Eglise protestante de 10 fidèles

Singes vu le long du chemin

La notion de parc national n'a pas le même sens que chez nous, car c'est le lieu aussi de culture tel que les Hévéas, le sucre de palme, le cacao et le café.

Nous nous rendons à la plage aux alentours de 20h, après être passé au centre de préservation des Tortues.
Nous attendons au bord de la plage pendant que 2 locaux partent de chaque côté à la recherche de Tortues venues pondre.
Après une quinzaine de minutes sous un ciel très clair et magnifiquement étoilé, des signaux lumineux nous indiquent de venir du coté droit. En arrivant, nous sommes priés d'attendre que la Tortue est fini de creuser le trou qui sevira à pondre ses oeufs. Nous ne devons pas utiliser de lumière ni allumer de cigarette et rester calmement à quelques mètres.
En effet, elle peut prendre peur et partir avant même d'avoir pondu.
Une fois la ponte demarrée, nous pouvons nous approcher, notre présence n'est plus un problème.
Et voilà ce que nous decouvrons:

Elle est très grande, près de 1 m sur 70cm. Sa tête, de la taille d'un poing, est recouverte sur le dessus d'écailles solides figées entre elles.
Dans le trou, des boules comme des balles de ping-pong tombent au fur et à mesure que la Tortue pond.
Une mais aussi parfois 2 voir 3 oeufs sortent en même temps et tombent dans le trou que la Tortue a creusé.

Cette ponte durera une bonne demi-heure, puis dès qu'elle a fini, elle commence à reboucher le trou.

Elle passera près de 45 minutes à reboucher le trou et à brouiller les pistes en remuant le sable sur un cercle de 5 mètres de diamètre.
La puissance de ces nageoires est impressionnante. Elles sont comme recouvertes d'écailles, avec une griffe au milieu.
Elle semble fatiguée et fait des pauses régulièrement dans sa tâche.

Elle reprend ensuite le chemin de la mer, c'est laborieux et cela met encore bien 30 minutes. Quand elle disparait enfin dans les rouleaux, on ressent un sentiment de nostalgie et de soulagement pour elle. Elle reviendra dans une vingtaine de jours à nouveau pondre sur cette plage, fournira encore cet effort incroyable pour donner la vie.

Pour la voir bouger, cliquez ici!

Le centre de protection des Tortues que nous suivont a pour tâche de récuperer les oeufs lors de la période de ponte qui dure près de 9 mois, de novembre à juillet. Toutes les nuits, une équipe doit repérer les tortues venues pondre et récupérer les oeufs, avec parfois plus de 15 tortues la même nuit.
Ils amènent les oeufs au centre qu'ils enterrent dans un grand bassin de sable où ils incuberont pendant presque 2 mois.
Nous avons surement été très chanceux, car nous avons eu le plaisir d'assister à l'éclosion de 2 portées de bébés tortues ! (L'une avant la mission plage, la seconde au retour de la plage.)
Des petites têtes qui bougent qui apparaissent soudain dans le sable, puis toute la petite tortue, qui se met à pédaler avec ses petites nageoires... Après une dizaine de minutes, c'est près de 130 bébés tortues qui courent dans tous les sens dans le bassin de sable. On dirait de petits jouets mécaniques.

Pour les voir s'animer, cliquez ici!

Le centre les transférera pour 2 jours dans un aquarium d'eau de mer, avant de les relâcher dans la mer.

2 bébés tortues vertes, dont l'une est albinos

Leur intervention évite que ces bébés tortues ne soient mangés par les oiseaux, crabes et autres prédateurs. On peut imaginer que sur 100 bébés tortues qui se sortent du sable et se mettent à courir dans tous sens pour rejoindre la mer, peu d'entre eux y arrivent (10% en milieu naturel).

Les 110 oeufs de Magali

L'état indonésien finance 1 million de roupie par mois, soit environ 100$ australien/ 80€.
Notre présence a un coût, et l'argent sert donc de complément dans le financement de ce projet.
Ils nous ont invités à choisir un nom à écrire sur la pancarte de la couvée.
Nous avons choisit Magali, en l'honneur de la peluche Tortue d'enfance de Henri.

Et comme il y avait eu une autre tortue venue pondre ce jour là sur la plage, nous avons eu le droit de choisir un second nom.

J'ai choisit de donner le nom d'Elsa Massu à cette couvée.

Elsa, si tu me lis, sache que au alentour de la mi-avril, peut être même le jour de ton anniversaire, 124 bébés tortues vertes naîtront, avec ton nom :).

Et pour finir en beauté notre épisode indonésien, grâce à Alice, nous avons eu le plaisir de nager avec une tortue luth aux abords de l'île Gili Trawangan. Pas de photo, mais les images resteront gravées dans nos mémoires...