Lors de notre 1er séjour à Carnarvon, il y avait eu un meurtre le jeudi, au sein de la communauté Aborigène. Rien d’étrange ni d’extraordinaire, une femme qui aurait tué son mari car il l’aurait trompé/quitté…
C’est la réaction des politiques qui nous a le plus étonné: pendant tout le week-end, la vente d’alcool était fortement limité (1 pack de bière ou une bouteille de vin par personne, interdiction de vendre de l’alcool fort.).
Ils sont réputés pour être facilement soul et très agressifs : rien de tel pour faire peur aux australiens et petits back packers lamda.
Nous en avons rencontrés lors de notre 1er soirée dans Carnarvon au Tropicana bar. Un petit groupe était autour du billard et nous avons sympathisé, joué ensemble quelques parties. Les autres fois, nous en avons croisé mais ils collaient à la réputation, ils étaient soul, un peu agressifs sans raison.
Il y a 2 légendes locales:
- une femme aborigène qui aurait très bien réussit, serait diplômé en droit de l'université et aurait vendu sa plantation pour partir à la grande ville, ce serait la seule à "s'en être sorti".
- un homme aborigène du nom de "pow kelly", qui ne boirait jamais une goutte d'alcool, plutôt très costaud, et qui fait peur à tous les autres. Rien qu'en évoquant son nom, on est sur d'avoir la paix (je tiens ça d'un vieil australien rencontré à Karijini...)
Depuis un peu plus de 3 mois en terres australiennes, je me suis dit qu’il était temps pour moi de vous présenter un peu l’histoire de ses premiers habitants.
Pour ceux qui souhaitent en savoir un peu plus, je vous laisse lire ce résumé que j’ai formé grâce à différentes sources (Wikipédia et autres sites autraliens…)
Introduction à la culture Aborigène :
Le temps du rêve (Tjukurpa en langue anangu) aussi appelé le rêve, est le thème central de la culture des Aborigènes d'Australie. Le « temps du rêve » explique les origines de leur monde, de l’Australie et de ses habitants. Selon leur tradition, des créatures géantes, comme le Serpent arc-en-ciel, sont sorties de la terre, de la mer ou du ciel et ont créé la vie et les paysages australiens. Leurs corps géants ont créé des fleuves et des chaînes de montagne mais leur esprit est resté dans la terre, rendant la terre elle-même sacrée aux peuples indigènes. En 1788, l'Australie était peuplée par 250 tribus, occupant tout le continent, chacune avec sa propre langue, ses lois et ses frontières tribales ; c'est la plus ancienne culture survivant sur terre. Ils n'avaient pas d'écriture mais parlaient plus de 600 dialectes tous apparentés (regroupés en 200 langues et 25 familles linguistiques) et possédaient de nombreuses formes d'art.
Ces hommes vivaient de la chasse, de la pêche, de la cueillette sur des territoires délimités par chaque tribu. Parfois ils se déplaçaient sur des milliers de kilomètres. Ce n'était ni des agriculteurs, ni des éleveurs.
Colonisation Britannique :
En 1770, Le lieutenant James Cook (considéré comme une sorte de héros national) «prend possession» des deux tiers de l’Australie pour la Grande-Bretagne contre les ordres du roi George III stipulant qu’il doit d’abord conclure un traité avec la population indigène.
Londres déclarant que l’Australie est inoccupée (dit Terra nullius) permet l’établissement d’une colonie pénitentiaire. Entre 1788 et 1839, environ 160 000 prisonniers ont ainsi servi de main-d’œuvre pour mettre en place ce nouveau pays.
Dès les années 1800, on emploie les capacités remarquables de traqueurs des Aborigènes pour poursuivre les bagnards et autres criminels échappés dans la nature et appelés les bushrangers.
Entre 1780 et 1830 se succède des périodes de paix et d’affrontements entre les britanniques et les indigènes en Tasmanie. Il est notamment évoqué des massacres (ou génocide) de ces tribus locales qui disparurent en 1836 avec la mort de sa dernière représentante.
Charles Darwin visite Hobart (plus grande ville de Tasmanie) en 1836. Il note une succession récente des « vols, d'incendies et de meurtres par les noirs » s'était achevée par leur envoi en exil mais on pouvait trouver l'origine des violences dans la « conduite infâme » de quelques compatriotes anglais.
La résistance aborigène continua pendant bien plus d'un siècle, démentant le mythe d'une colonisation pacifique de l'Australie. Les colons, pour leur part, réagirent souvent à la résistance aborigène avec une grande violence, ce qui mena à de nombreux massacres aveugles d'hommes, de femmes et d'enfants aborigènes par des Blancs. Les massacres les plus tristement célèbres du début du XIXe siècle furent ceux de Pinjarra et de Myall Creek.
Un certain Sir Thomas Mitchell, qui explorait l’Australie en 1803, faisait attention à noter des noms de lieu indigènes - et pour cette raison 70 % des noms des localités australiennes sont d'origine indigène (parfois très dure à prononcer).
L'installation d'éleveurs dans l'intérieur du pays est souvent une cause de conflit violent avec des Aborigènes mais les compétences de gardiens de troupeaux indigènes est source d'importantes économies. Les missions religieuses fournissent souvent un asile lors des conflits tout en facilitant la colonisation. Au cours du XIXe siècle, les Européens prennent le contrôle de la plupart des régions du pays. Beaucoup d'Aborigènes ont été poussés dans des missions et des réserves.
Les réactions des Aborigènes à l'arrivée soudaine des colons britanniques furent variées, mais inévitablement hostiles lorsque la présence des colons généra une compétition pour des ressources naturelles vitales et l'occupation par les Britanniques de terres aborigènes. Selon l'historien Geoffrey Blainey, pendant la colonisation de l'Australie : « dans mille endroits d'isolement il y avait les décès occasionnels par le pistolet et la lance. Encore plus mauvais, variole, rougeole, grippe et d'autres nouvelles maladies balayés de l'une communauté indigène à l'autre... »
De 1900 à nos jours:
Les colonies australiennes ont voté pour se fédérer sous une constitution nationale en 1901. La section 41 de la constitution a refusé le droit de vote au niveau fédéral aux Aborigènes à moins qu'ils n'aient été inscrits sur les listes électorales des États. Quelques États ont permis aux Aborigènes de voter et les autres non.
En 1938, à l'occasion du 150e anniversaire de la First Fleet, l'AAL(Aborigines Advancement League=Ligue pour la promotion des Aborigènes) organisa une manifestation appelée « jour du Deuil » (Day of Mourning) et lança un appel pour les droits civiques des Aborigènes.
Le sport, le divertissement et l'armée étaient trois moyens pour les Aborigènes de l'époque d'être acceptés par les Australiens européens; pendant la seconde Guerre mondiale, de nombreux Aborigènes rejoignirent les forces armées bien que certains aient remis en cause le choix des Aborigènes luttant pour la défense d'une terre qui leur avait été prise.
Un autre épisode a marqué l’histoire de la population aborigène : entre 1869 et 1969, sur ordre du gouvernement, des enfants ont été arrachés à leurs mères et placés dans des orphelinats, des missions ou des familles d’accueils censés en faire « de bons petits Australiens ». Les gouvernements, les églises et les organisations d'assistance sociale ont toutes participé, sous la surveillance du Aboriginal Protection Board
Avant la Seconde Guerre mondiale, « L’Australie aux Blancs » - est alors le mot d’ordre, et après ce que certains appellent le génocide dû aux premiers colons, ou le semi-esclavage pratiqué dans les réserves, ne reste, pour venir à bout de ces « moins-qu’humains » et leur faire oublier d’où ils viennent et qui ils sont, que l’assimilation forcée dès le berceau. Ces générations volées (Stolen generations) ont posé durablement le problème de la responsabilité politique du gouvernement et engagé la question de la perte de l’identité culturelle aborigène.
En 1962, le Commonwealth Electoral Act, du Premier ministre Robert Menzies, a déclaré que les indigènes aient le droit de s'inscrire et la voix aux élections fédérales
En 1967, le premier ministre Harold Holt organisa un référendum pour inclure les Aborigènes dans le recensement national. Il obtint l'appui de plus de 90 % des électeurs.
Depuis une restitution partielle de terres à partir de 1976, de nombreux Aborigènes sont retournés vivre sur les lieux de vie de leurs ancêtres – homeland – desquels ils avaient été chassés. Ces homelands sont, selon eux, leur identité intrinsèque, lieu des origines, lieu de vie de leurs ancêtres et de leur groupe familial. Ils sont donc pour la plupart concentrés dans les régions du nord du pays. Beaucoup vivent dans des réserves appelées «communautés»: il en existe 70 dans les Territoires du Nord. Ces groupes subissent les fléaux de l'alcool et de l'acculturation. Certains sont mieux assimilés dans la population issue de l'immigration.
À l'inverse de la Nouvelle-Zélande, où le traité de Waitangi fut perçu comme une légitimation de la colonisation britannique, aucun traité ne fut signé avec les Aborigènes, qui n'autorisèrent jamais la colonisation. Depuis les années 1980, l'emploi du terme «invasion» pour décrire la colonisation de l'Australie se généralise, tout en demeurant controversé.
Le 26 mai 1998, une journée nationale du pardon, National Sorry Day, fut instituée pour faire connaître le tort qui a été causé aux familles indigènes par les générations volées et pour que le « processus de cicatrisation » puisse débuter. Des Australiens aborigènes et non indigènes se rassemblent devant le Parlement pour y signer un registre dans lequel est inscrit une demande de pardon au peuple aborigène. Plus de 24 000 signatures sont collectées.
Tous les ans, un grand nombre d'australien participe à une marche pour célébrer cette journée. En 1999, le premier ministre John Howard fait voter une loi sur la réconciliation, appelant le traitement fait aux indigènes le « chapitre le plus sombre dans l'histoire de l'Australie», mais il a dit que le gouvernement d'aujourd'hui ne pourrait pas faire des excuses pour des gouvernements d'hier. Howard n'était pas un défenseur fort des gestes symboliques pour la réconciliation. Il a dit qu'il préférait les « mesures pratiques » pour résoudre des problèmes contemporains dans des communautés indigènes.
En 2000, 250 000 personnes ont traversé l'Harbour Bridge pour symboliser la réconciliation et il y eut des débats, souvent acrimonieux, quant aux réponses à donner au problème de l'alcool, à la dépendance des indigènes à l'aide financière de l'État et au besoin d'un grand geste symbolique de réconciliation mené par le Parlement.
Le recensement de 2011 a donné une population de 670 000 Aborigènes représentant 3 % de la population australienne. Les territoires aborigènes représentent 10 % du territoire australien.
Pour vous donner une idée, voici la répartition des Aborigènes par État en 2011. Entre parenthèses la part des Aborigènes dans la population totale de l'État.
Nouvelle-Galles du Sud : 208 364 (2,9 %)
Queensland : 188 892 (4,2 %)
Australie-Occidentale : 88 277 (3,8 %)
Territoire du Nord : 68 901 (29,8 %)
Victoria : 47 327 (0,9 %)
Australie-Méridionale : 37 392 (2,3 %)
Tasmanie : 24 155 (4,7 %)
Territoire de la capitale australienne : 6 167 (1,7 %)
On estime que les Aborigènes étaient entre 315 000 et 750 000 lorsque les premiers colons britanniques sont arrivés en 1788 ; peut-être même plus (d'autres sources varient sur cette évaluation, suggérant une fourchette de 300 000 à 1 000 000).
Leur espérance de vie est de 17 ans plus faible que celle des autres Australiens (cependant, les questions d'identité ne sont pas fréquemment posées dans les hôpitaux, les centres médicaux et les écoles, aussi cette statistique est contestée et difficile à vérifier).
Le revenu moyen d'un foyer aborigène s'élève environ à 40 % de celui d'un non-aborigène. Enfin, la population carcérale compte 22 % d'Aborigènes.
Beaucoup des communautés aborigènes qui dépendent fortement d'aide financière gouvernementale présentent les pires symptômes de la pauvreté : alcoolisme, drogue, fort taux d'incarcération, chômage, faible degré d'instruction; mais le recensement de 2006 a montré qu'environ 50 % des Aborigènes vivent dans la société australienne et occupent tout l'éventail des métiers, y compris le commerce, les professions libérales et la gestion. L'état de santé et l'espérance de vie de ces personnes sont comparables à ceux des Australiens non-indigènes. Leurs enfants ont des niveaux d'aide scolaires et universitaires plus élevés que la moyenne de la population.
Environ 70 000 indigènes vivent sur les terres traditionnelles selon les chiffres des marchés du travail et des services généraux et leur niveau de vie est inférieur aux autres.
Pour conclure :
Cook a noté ses impressions sur les Aborigènes dans son journal: «en réalité ils sont bien plus heureux que nous les Européens… Ils vivent dans la tranquillité qui n'est pas troublée par l'inégalité de la condition. La terre et la mer leur fournissent toutes les choses nécessaires pour vivre… Ils vivent dans un climat agréable et ont un air très sain… ils n'ont aucune abondance».
La seule question que je me pose c’est : que serait aujourd’hui l’Australie si on leur avait foutu la paix ?